Jeudi 20 juillet 2000, dix-huitième étape : Lausanne - Fribourg-en-Brisgau




Piégés par Commesso et Vinokourov, Robin et Durand ont dû s'avouer vaincus à quarante kilomètres du but.
En montant dans leurs camping-cars respectifs, garés l'un en face de l'autre après la ligne d'arrivée, Jacky Durand et Jean-Cyril Robin se sont terrés dans un long silence lourd de sens. Les deux hommes avaient besoin de retrouver leurs esprits après 242 kilomètres d'échappée pour rien.  Jacky Durand semblait le plus marqué, lui qui avait tenté le coup de poker à quarante kilomètres de l'arrivée. "J'y ai cru durant toute la journée, je n'avais pas mal aux jambes, j'étais bien, raconta-t-il un peu plus tard. J'attendais la dernière côte pour attaquer mais elle était plus dure que ce que j'avais prévu. Au bout de cent mètres, je regrettais déjà. Je me suis dit que s'ils revenaient sur moi c'en était fini." Le contre de Salvadore Commesso suivi d'Alexandre Vinokourov allait vite confirmer les prédictions du Mayennais. Jean-Cyril Robin et Jens Voigt, les deux autres membres de cette longue échappée, durent se contenter de subir sans pouvoir suivre l'Italien et le Kazakh. "Jusque là il y avait une bonne ambiance dans l'échappée, expliqua le leader de l'équipe Bonjour. Tout le monde roulait sauf un, Alexandre Vinokourov, qui montrait des signes de faiblesse. Je n'ai pas compris pourquoi Jacky a attaqué de si loin, j'ai été surpris. Je ne pensais vraiment pas que l'échappée allait se décomposer aussi loin de l'arrivée." Les deux Français avaient donc raté là une belle occasion, l'une des dernières sans doute de ce Tour de France. C'est Jacky Durand qui paraissait le plus affecté par cette évidence. "Maintenant il n'y a plus beaucoup de solutions avant Paris, analysait-il. Ca fait chier, toute l'équipe Lotto tourne autour depuis un moment. Le destin en a décidé autrement. Sur le papier, troisième d'une étape, c'est une belle place mais dans une semaine tout sera oublié. Le plus rageant c'est qu'aujourd'hui j'avais les jambes pour gagner."
 
 

Philippe Le Gars, L'Equipe 21/07/00
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