Le champion de France, Jacky Durand a signé hier à Cahors la première
victoire française de ce Tour. Et voilà que la montagne
se dresse avec la première arrivée au sommet d’Hautacam ! Il ne
l'aura pas volée, celle-là, et entre nous, il l'a même bien
cherchée! S'il ne portait déjà ce splendide maillot tricolore
qu'il n'a quitté que pour une seule journée de course depuis un
an, le dimanche 26 juin, à Fontenay-le-Comte, c'est sans conteste que
« Dudu » aurait mérité le maillot de la bougeotte...
Jacky Durand a déjà beaucoup fait honneur à la patrie depuis
le départ de Lille, et certainement, il est celui qui a parcouru le plus
grand nombre de kilomètres en tête. L'année dernière
aussi, Durand avait su s'y prendre pour “montrer le maillot “, mais il s'agit
cette fois d'actions plus pointues, même s'il lui fallut plusieurs coups
d'essais avant de réussir, hier, à Cahors, détaché
et heureux, son coup de maître. La première fois que l’on vit le
maillot bleu, blanc, rouge “déboucher” c'était dans les parages
du mont Cassel, dès la deuxième étape, quand il se lança
en pleine bagarre dans une longue échappée sur la route de Boulogne-sur-Mer,
là où, avant de se faire reprendre par le peloton il serra la
main de son compagnon d'effort et d'infortune, le Néo-Zélandais
Stephen Swert l'air de dire : «Bon, content de t'avoir connu, mon pote...»
Depuis, il a remis ça très souvent. Juste avant Saint-Hilaire-du-
Harcouët, l'autre jour, entre Cherbourg et Rennes, faisant soudain monter
l'allure, et c'est donc lui, tout aussi indirectement qu'involontairement, qui
a provoqué ou plutôt précipité la perte de Greg LeMond,
exécuté sur ce coup de flingue. Mais Jacky Durand est quelqu'un
qui remet toujours au lendemain ce qui n'a pas marché la veille, et sa
tactique favorite est de prolonger l'accélération provoquée
par les sprints intermédiaires, et de gicler juste au moment où
les autres se relèvent après la banderole des « bonifs ».
C'est ce qu’il a essayé en quittant Rennes en vain. Puis au départ
de Poitiers, sans plus de succès. Et c'est encore lui qui a rompu la
trêve, le même jour, juste avant que Luc Leblanc ne réussisse
son break sur le chemin de Trélissac.
Mais le maillot bleu, blanc, rouge est un peu trop voyant sans doute, pour
qu'on lui offre des facilités. On se souvient-on, de son raid fameux
du Tour des Flandres et c'est parce qu'il a beaucoup d'insistance, vraiment,
qu'il a enfin forcé la décision, hier midi, à peine quittées
les dernières maisons de Bergerac... Il n'en gagne pas souvent Durand,
mais il sait les choisir. Et s'il ne compte que cinq victoires cela suffit déjà
à lui constituer l'un des plus beaux palmarès contemporains parmi
les Français : deux titres de champion de France, le Tour des Flandres,
le Grand Prix d'lsbergues, et maintenant une étape du Tour... Travail,
famille (il s'est marié au lendemain du Championnat de France), patrie,
Jacky Durand incarne décidément les valeurs traditionnelles, et,
grâce à lui, les Français sont sûrs de ne pas rentrer
bredouilles. Notre porte - drapeau a même déjà permis d'égaliser
le faible score de l'an dernier, quand Pascal Lino avait sauvé l'honneur
à Perpignan, et c'est déjà ça !
Les quatre « matinaux », Durand, Hodge, Serpellini et, bien
sûr, Bortolami avaient, quant à eux, équitablement partagé
le boulot, et ce fut un manque de chance pour Bortolami de casser un rayon à
moins de dix kilomètres de l'arrivée, laissant filer ses trois
compagnons. Et il ne fallut pas le dire deux fois à Durand, qui y alla
de bon cœur à huit kilomètres du but pour aller jubiler en solitaire
sur la ligne. Les Casto la méritaient bien, parce qu'ils sont allés
de l'avant depuis dix jours, et ils n'étaient nullement en colère,
hier soir, de voir De Las Cuevas céder la troisième place du général
à ce remuant de Bortolami, sa seule consolation d'ailleurs. Les partenaires
de Durand passèrent une excellente journée (sauf Thibout et Marie
qui chutèrent) en spectateurs dans la roue des Banesto, et c'est exactement
ce dont rêve Cyrille Guimard pour Armand...
L'Equipe
G
Echappé dès le huitième kilomètre, Jacky est
parti en flèche pour remporter l’étape. Dans la vie aussi,
le bonhomme est singulier, façonné à l’ancienne.
Quand il ôta son maillot bleu-blanc-rouge trempé de sueur pour revêtir un tricot de corps de coton blanc, Jacky Durand le playboy redevint un coureur à l'ancienne mode. Dans cet échange de peau, Jacky retrouva aussi son prénom populaire, Dudu, allez Dudu ! Comme Poupou en son temps. Acclamé au fil des routes, encouragé tout au long de l'étape, ce Dudu des campagnes s'éclata sur la ligne d'arrivée comme il s’était déchaîné en vélo toute la journée, bien à sa façon, généreuse et fantasque. Hier, Dudu a fêté seize jours fous, fous, fous entamés le dimanche 26 juin avec son deuxième titre de champion de
Sixième étape, Durand repart en goguette: il fait 20 kilomètres
à la tête d'un groupe échappé puis 12 kilomètres
tout seul. Et puis encore sur la huitième étape Poitiers-Trelissac,
il engrange 10 kilomètres seul plus deux kilomètres en tête-à-tête
avec Peter De Clercq. Hier encore, quand Durand attaque au km 8, c'est
parti pour 152,5 kilomètres aux avant-postes. Faites les comptes
: depuis le 2 juillet, Durand s'est baladé devant 500,5 kilomètres
durant. La bête est solide. |
Première victoire française dans le Tour, hier à
Cahors, avec le champion national Jacky Durand. Le porteur du maillot bleu-blanc-rouge
a porté une splendide attaque à proximité de l'arrivée
pour l'emporter en solitaire après avoir été le principal
animateur d'une longue échappée.
Ouest France G |
Dudu gagne à la Durand
Une victoire à la Durand. Pas dans le style
du championnat de France, en Vendée, où le Mayennais avait
«giclé » à 200 m de la ligne. Mais à l'issue
d'une échappée de 152 km à travers les causses sauvages
et somptueuse du Quercy. On la pressentait cette première victoire
française dans le Tour. Qu'elle ait été l'œuvre d'un
Castorama n'étonnera personne. Façonnée label Durand
encore moins.
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Avec un coeur gros comme ça
!
Personnage entier et coureur sans retenue, Dudu est un de ces champions
à l’ancienne, comme le public les aime toujours. Calculateur, lui
? Jamais.
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Durand hisse les couleurs
Première victoire française sur le Tour grâce
au champion de France Jacky Durand à Cahors. On la sentait venir
depuis plusieurs jours, cette première victoire française.
Le 14 juillet approchait et il y avait urgence, car un Tour sans cocoricos
n'est pas un bon Tour, c'est bien connu. Mais de tous, c'est bien Jacky
Durand qui méritait le plus cette consécration. Combien de
fois a-t-il attaqué, le double champion de France, depuis le départ
de Lille ? « Quinze à vingt fois, peut-être. Il m'est
arrivé de prendre 1,50 m d’avance, ou 10 mètres, ou 800.
A force, tout le monde me surveillait et si j'avais l'habitude d’annoncer
à mes coéquipiers où j'allais partir, je n'en savais
rien aujourd'hui. » Comme au championnat de France de Fontenay-le-Comte,
Jacky Durand se trouvait un peu à la traîne quand son habituelle
envie de « flinguer » le saisit: « J’ai remonté
le peloton qui était très étiré et j'ai attaqué
aussi sec. » Le départ avait à peine été
donné. Déjà dimanche, au début de l’étape
de Trélissac, il avait pris la tangente au 12° kilomètre,
avant de récidiver non loin de chez lui, en Haute Vienne, mais sans
réussite. En vélo, il suffit souvent de persévérer.
Et l'on sait, depuis le Tour des Flandres 1992 (220 bornes) et le championnat
de France de Châtellerault 1993 (160 km), que Jacky Durand n'a pas
son pareil pour tirer parti des longues échappées. Ses compagnons
d'hier, les Italiens Bortolami et Serpellini et l'Australien Hodge, n'ont
pas été plus heureux que les autres accompagnateurs de cet
increvable opportuniste. Depuis Bernard Thévenet à Méribel
en 1973, aucun Français n'avait franchi une ligne d'arrivée
du Tour avec le maillot tricolore, Hinault en 1978 et Fignon en 1984 ayant
gagné des chronos. Hier, le Mayennais appliqua sa tactique du Tour
des Flandres mais le Bosberg où il avait piégé Wegmuller
était un village du Quercy, Lamagdelaine, à 8 km de Cahors.
En pareille occurrence, c'est souvent le premier à agir qui empoche
la mise, car derrière, on se regarde toujours un tantinet. Mais
la crevaison du vainqueur de Rennes, Gianluca Bortolami, 2 km plus tôt,
fut un élément tout aussi décisif.
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Jacky Durand ouvre le bal
Le champion de France Jacky Durand a signé hier, en
costaud , la première victoire d'un Tricolore dans ce Tour 1994.
Il n'a pas que le maillot tricolore de champion de France sur les endosses,
il trimballe aussi la pancarte, de premier attaquant du Tour. « Je
ne sais plus combien de fois j'ai attaqué, dit Jacky Durand, entre
dix ou vingt fois. Parfois je prenais un mètre cinquante avant d’être
repris, parfois dix mètres. » Le boute-en-train patenté
du peloton n'est pas du genre qui se décourage, il a remis ça
jusqu'à ce que ça rigole. Et ça s’est produit hier
à Cahors,
dernière étape offerte aux rouleurs avant la montagne.
C'est une victoire qui ne manque pas de panache : Durand a attaqué
dès le km 8, rejoint par Bortolami, Hodge et Serpelini. Il a pris
plus que sa part de l’échappée, pendant 140 bornes. Puis
il a planté son monde, à l'entrée de La Magdelaine,
à huit kilomètres de l’arrivée. Il gagne détaché
de 55 secondes, avouant qu'il en avait
encore « sous la pédale ». « Il n'y avait pas d’étape de 14 Juillet pour le champion de France ( journée de repos demain à Lourdes), il a donc pris 48 heures d’avance», rigole son directeur sportif Cyrille Guimard. Ce porteur du maillot tricolore est presque trop parfait, qui claque une étape l’avant-veille de la Fête nationale après avoir traîné sa peine en terre étrangère chez les Anglais. Jacky Durand dément. S’il n’a pas gagné plus tôt, ce n'est pas faute d’avoir essayé. Et s'il s'est senti peu concerné par le Passage du Tour outre -Manche, c'est seulement queça ne |
Causent-ils chiffon ?
La tradition voulait que les premiers kilomètres de l'étape
soient un terrain privilégié pour les conversations au sein
du peloton. Tradition en voie de disparition selon Jacky Durand, le champion
de France :
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Tri-co-lore
A l'attaque depuis le début du Tour, les Français décrochent enfin un succès d'étape. Jacky Durand s'est imposé en solitaire. Pas de répit. On s'attendait à une 10° étape de transition. Les coureurs nous ont une nouvelle fois offert une journée TGV. Coincée entre l’exigeant contre-la-montre de lundi et la première journée de montagne, l'étape Bergerac-Cahors semblait toute consacrée à l'appétit des sprinters. Raté. Le Tour a conservé le rythme fou adopté depuis Lille par la grâce de Bortolami qui plaçait une mine dès le départ. Quatrième au général après un excellent contre-la-montre, l'équipier de Rominger espérait tout à la fois contraindre les Banesto à contrôler l'épreuve et ... s'emparer du maillot jaune qui lui avait échappé pour une malheureuse seconde à Rennes. Recevant rapidement l'appui de Jacky Durand, Stephen Hodge et Marco Serpellini, il put croire un moment à ses chances. Mais les équipiers de Miguel Indurain ne le laissèrent pas rêver longtemps. Sans paniquer, ils maîtrisèrent simplement les écarts pour que la course ne s’emballe pas. Le quatuor était bon pour une longue fugue... sans espoir. C'était du moins l'avis de Bortolami. A une dizaine de kilomètres de l'arrivée, l'Italien prit le temps de changer de machine convaincu que le peloton allait fondre sur l'échappée. Durand, lui, pensait exactement le contraire. Ave 2'35" d'avance, le coup restait jouable. Alors, il sortit du groupe comme un boulet de canon pou foncer vers Cahors. Bien vu. Serpellini et Hodge n'en pouvaient plus. Le Champion de France se retournait sans cesse. Pour rien. Il avait fait le vide et quand il déboucha dans la dernière ligne droite, il put prendre le temps d'envoyer mille baisers au public. La France la tenait enfin, sa victoire d'étape. Cyclisme International |
La tête cernée d’un bandeau Casto et le corps moulé
dans un nouveau maillot tricolore, Jacky Durand a embrassé sa médaille
de champion de France de cyclisme sur route pour faire plaisir aux photographes.
Puis il a commencé à raconter sa course aux journalistes.
« Ben oui, moi qui suis le spécialiste des grandes chevauchées de cent kilomètres ou plus, j'ai gagné par surprise dans les derniers hectomètres !» Et d'ajouter, en pensant à une possible troisième victoire: «Au fait, c'est où le championnat de France, l'an prochain ? » Cette année, c'était en juin à Fontenay - le - |
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