A propos de l'affaire Festina. ( Courrier de la Mayenne, 23/07/98)
 
Jacky Durand (Casino) : "Le cyclisme  est le sport le plus contrôlé"

Le Mayennais s'est montré à son avantage sur le Tour 1998. En tête du classement de la combativité depuis le départ de la Grande Boucle, il a vu ses efforts récompensés par sa victoire à Montauhan, dimanche dernier. Il revient également sur l'affaire Festina.
- Comment s'est formée l'échappée qui vous a amené à la victoire dimanche ?
- Jacky Durand : "Pendant une trentaine de kilomètres, la course s'est montrée très usante avec une bagarre engagée très tôt. Nous sommes sortis à six coureurs et du fait de la chaleur, tout le monde est apparu émoussé. Nous avons alors pris de l'avance comme il n'y avait pas de coureur dangereux au classement général.”
- Avez-vous été incommodé par le chaleur ?
- JD : "La grosse chaleur ne me dérange pas trop. Il suffit, de bien boire. Pour ma part, j'ai dû prendre une vingtaine de bidons, soit quelque dix litres d'eau".
- Qui craigniez vous dans le final ?
- JD : "Je me doutais que l'arrivée se jugerait au sprint, Gaumont était exclu pour avoir roulé pour son coéquipier Desbiens qui jouait le maillot jaune. Le coureur de la Saeco n'a pas roulé de la journée et Tafi était très fort, trop fort. »
- Dans quel sens ?
- JD : " Il s'est montré trop généreux dans ses efforts. En plus, il allait chercher tout le monde sur la fin."
- La victoire s'est dessinée à l'arraché ?
- JD : « Andréa Tafi a lancé le sprint de loin. Il avait sous-estimé le léger vent de face. En ce qui me concerne, j'ai commencé le sprint comme il le fallait, à l'abri. Vous connaissez la suite, avec une immense joie. Surtout lorsqu'on voit son soigneur lever les bras à 3 mètres de haut après la ligne ».
- Le classement de la combativité n'est vraiment pas un de vos objectifs ?
- JD : « Je ne pense pas. Il est vrai que ce serait sympa de remporter ce classement après en avoir pris la tête dès le premier jour. »
- Comment percevez vous l'affaire Festina ?
- JD : « Je suis content qu'on parle un peu plus de sport qui reprend des droits. Une équipe va manquer au Tour de France. Je suis assez triste pour ces coureurs, c'est dur de voir partir des copains. »
- Le monde du cyclisme va-t-il prendre ce problème à bras - le - corps ?
- JD : «  Il ne faut pas oublier que les contrôles sont issus de mouvements des coureurs. Ce n'est pas le cas dans les autres sports où on refuse parfois les contrôles. Le cyclisme est le sport le plus contrôlé.”
- Comment analysez-vous les retombées de l'affaire ?
- JD : "A vrai dire, je n'ai pas le temps de lire la presse. Toutefois j'ai été déçu de voir les unes consacrées uniquement à ce sujet. Cela fait mal par rapport aux  efforts consentis par les coureurs ».
- Comment est l'ambiance chez Casino ?
- JD : "Depuis le début, elle est excellente, maintenant elle est à son paroxysme avec le maillot jaune de Bo Hamburger et ma victoire d'étape. Nous allons essayer de mettre Bo en meilleure position possible en montagne. Il apparaît raisonnable pour lui de viser un podium à Paris. »
- Votre entrée en la matière dans les cols pyrénéens s'est-elle bien déroulée ?
- JD : « Je suis rentré dans les délais comme prévu. Après avoir été lâché dans le col de l'Aubisque, je suis revenu sur le peloton en bas de la descente."
- La pluie vous a-t-elle handicapé ?
- JD : "J'ai pris quelques risques dans la première descente pour rentrer sur le peloton. En revanche, quand j'ai dû éviter les coureurs à terre, j'ai levé un peu le pied. Ensuite j'ai intégré un groupetto d'une trentaine de coureurs au pied du Tourmalet. »
- Votre équipe a encore frappé fort lors de la première étape de montagne 
- JD : "Nous savions qu'il ne fallait pas attendre le dernier col pour pouvoir battre un coureur comme Pantani. Tout le monde a travaillé au service de Rodolpho Massi, surtout Alberto Elli. "
- En l'absence des Festina Jan Ullrich semble gérer sa course tranquillement ?
- JD : "Avec ou sans les Festina Ullrich reste très fort. L'an passé les Festina l'avait beaucoup attaqué sans trop l'inquiéter. Cette année, il gère bien sa course et possède une équipe très forte avec un Riis solide à ses côtés. Il semble bien parti pour un deuxième succès. »
- Allez-vous encore passer à l'attaque après la journée de repos ?
- JD : "Je vais voir comment je vais récupérer. Tout va dépendre de la tactique à adopter en fonction de Bo Hamburger qui reste notre leader au général. »

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