Et la victoire au bout !
19 juillet 1998
Le film :
photos récupérées sur internet
L'Equipe, 20/07/98
« Pendant une heure, cela avait été terrible, raconte-t-il. Au bout de quarante kilomètres, on n'avait déjà plus rien à boire. Je suis allé en queue de peloton chercher des bidons pour moi et les copains et, là, ce fut l'un des moments les plus durs de ma journée. Il m'a fallu remonter tout le peloton et, à partir de là, je suis resté devant. Je savais que la majorité du peloton allait craquer à un moment ou à un autre. Je voyais que beaucoup de coureurs n'avaient plus de bidon, moi j'en avais deux pleins et, dans ces conditions et sur ces routes, il ne pouvait que se passer quelque chose. A regarder le profil du guide officiel, cette étape était considérée comme plate. Or, je savais qu'elle serait difficile et que les équipes de sprinters auraient du mal à tout contrôler, que les Telekom n'allaient pas se mettre à la rupture sous cette chaleur pour garder le Maillot Jaune, à moins d'un gros coup de Trafalgar. » Pourtant, face à Andrea Tafi, au duo des Cofidis ou à un trio (Sacchi, Mazzoleni, Laukka) prêt à bondir sur l'occasion, le 45° succès des Casino cette saison ne s'annonçait pas confortable : « Je redoutais surtout Philippe Gaumont qui était le plus rapide de nous tous, mais qui, heureusement, a dû beaucoup rouler pour que Desbiens prenne le Maillot Jaune. Dans une échappée comme cela, la tactique est plus d'attaquer dans les cinq derniers kilomètres pour arriver seul. En plus, moi, je ne suis pas un sprinter. Mais là, il était impossible de sortir. Premièrement, il y avait vent de face. Et, deuxièmement, il y avait Andrea Tafi qui était très, très fort. Trop fort certainement. Je crois qu'il se sentait invincible. Mais quand, au dernier kilomètre, Tafi a fait l'effort d'aller chercher le Saeco Eddy Mazzoleni et qu'il a lancé le sprint aux trois cents mètres, là, je me suis dit : « tu ne peux pas être battu. » En ce jour du Seigneur, les coureurs français ont donc débarqué à point pour rendre un peu de ferveur à la messe de juillet : « On n'oubliera pas pour autant les Festina. Moi je les salue et j'aspire à les revoir rapidement. Mais, bon, la page est tournée. Il ne faut reparler que de vélo, et j'espère que, dans la presse, on va oublier un peu l'affaire Festina, enfin ! » Ce matin, Jacky Durand est troisième au classement général, à 43" de Laurent Desbiens qui fut, pendant trois ans, son coéquipier chez Castorama. Il ne se fait pourtant à terme aucune illusion à titre personnel : « Dans deux jours, pour moi, le Tour va faire une petite parenthèse. Je vais redevenir équipier. Il y a plusieurs grimpeurs chez nous, et je crois que Bo Hamburger fait peur à beaucoup de monde. » |
L'Equipe, 20/07/98
Car Jacky Durand avait vu juste. Le peloton n'avait pu résister davantage à l'envie d'étancher sa soif, et des mains se levèrent pour aller chercher les bidons aux voitures. Cette fois, le paquet laissait couler et l'on comprit vite que les Telekom de Jan Ullrich ne voyaient vraiment aucun inconvénient a céder provisoirement le Maillot Jaune à Laurent Desbiens, ça ferait toujours un jour de boulot en moins en prévision de la troisième semaine qui a laissé quelques souvenirs dans l'équipe allemande. Mais dans l'échappée qui filait, il y aurait pour Desbiens deux nouvelles qui allaient provenir de l'arrière, une bonne et une mauvaise, par laquelle on commence ? La bonne, c'est que Philippe Gaumont, son copain de Cofidis, venait se joindre à l'échappée. La mauvaise ? C'est qu'il n'était pas seul. Andrea Tafi, le champion d'ltalie, la voulait tellement, son étape, qu'il avait trouvé l'incroyable énergie de larguer la contre-attaque, puis de boucher une minute à peu près dans les bosses du Quercy afin de venir se mêler à cette échappée dont Guesdon, lui, avait disparu sur ces entrefaits. Or, Tafi était susceptible de représenter une menace pour le Maillot Jaune promis à Desbiens. Mais il y avait aussi une étape à gagner, et une difficile, qui avait d’ailleurs été de trop pour l’Italien Pistore et le Colombien Rincon, premiers coureurs à parvenir hors délai. Cette étape, Taffi la voulait décidément trop, il emmena le sprint de trop loin mais au bout d’une journée pareille, Jacky Durand est un type qui a de la ressource comme il en avait eu, voici quatre ans, pour s’imposer en bleu-blanc-rouge pas très loin d'ici, à Cahors, et déjà dans un four. Jacky Durand, premier Français à gagner une étape dans ce Tour, a montré que ses attaques n'étaient pas faites seulement pour amuser la galerie. Mais il fallait bien le sourire du meilleur boute-en-train du peloton pour rendre sa bonne humeur au Tour de France ! G |
Gazetta del
Sporte, 20/07/98
G
Jacky Durand, héros
du Tour
G
Absent du Tour l'an passé, le Mayennais Jacky Durand a pris
une belle revanche cette année. Après avoir animé
les premières étapes de la Grande Boucle, il a remporté
l'étape de Montauban, devenant troisième au classement général.
Ce Tour 98 restera marqué par l'affaire du dopage après l'exclusion
des Festina. Jacky Durand donne son opinion sur le
sujet.
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